Spelling Reform Proposal

Travis   Thu Dec 06, 2007 5:05 pm GMT
>>prevocalic positions<<

That should have been "morpheme-initial positions".
Guest   Thu Dec 06, 2007 6:04 pm GMT
<<Native speakers generally don't see that as a problem.>>

I am a native speaker and I do. It's illogical that the "ise" in "promise" is pronounced [Is] while the "ise" in "surmise" is pronounce [aIz].
Guest   Fri Dec 07, 2007 12:31 am GMT
faeces, feces or fæces?
greg   Fri Dec 07, 2007 7:35 pm GMT
Lazar :
« <<pas de grec...pas de grec...pas de grec...etc>>. Greg, I never said that those words were of Greek origin, I said the *ending* was of Greek origin (and obviously this doesn't apply to "exercise", or "recognize", or even "analyze"). In Latin (or Neo-Latin), that ending would be spelled with a "z" - civilizare, criminalizare, nationalizare, etc. »

Nous sommes d'accord : il faut bien faire la distinction entre les étymons et les affixes d'une part, et entre les affixes grec et non grecs d'autre part.

Mais même en retenant que l'affixe grec <#ίζ#> du suffixe verbal <#ίζειν>, la situation est réellement complexe. Je prends l'exemple du verbe Gr <βαπτίζειν> {bapiser}.




Le verbe <βαπτίζειν> a donné les formes suivantes :

GROUPE 1
arpitan : <batêyér>
catalan : <batejar>
ancien français : <baptaier> <baptiier> <baptoier>
gascon : <batiar>
occitans : <batear> <batejar>
piedmontais : <batié>
wallon : <batijhî>

GROUPE 2
allemand <baptisieren>
moyen-anglais : <baptisen> <baptizen>
ancien catalan : <baptisar>
castillan : <bautizar>
corse : <battizà>
ancien français : <bapticer> <baptiser> <baptizer> <baptizier> <bautisier>
français : <baptiser>
interlingua : <baptisar>
italien : <battezzare>
ligure : <battezzá>
piedmontais : <batesé>
poitevin <batisàe>
portugais : <batizar>

GROUPE 3
moyen-anglais : <baptemen>

Si on exclut le groupe 3 (verbalisation atypique d’un substantif emprunté à l’ancien français par le moyen-anglais), on constate que dans le groupe 2 la suffixation verbale se fait avec des affriquées ou des fricatives alors que le groupe 1 en est dépourvu. On peut relier, soit de manière directe (langues romanes naturelles) soit de manière indirecte (langues non-romanes et langues construites), le groupe 1 à l’étymon latin <baptidiare> et le groupe 2 à un autre étymon latin à forme double <baptisare> & <baptizare>.

Par conséquent nous avons deux relations :
1] Gr <βαπτίζειν> → La <baptidiare> → groupe 1
2] Gr <βαπτίζειν> → La <baptisare> <baptizare> → groupe 2.

Cela suggère soit que la lettre <ζ> admettait plusieurs prononciations (régionalismes, registres de langue etc), soit qu’elle n’en admettait qu’une mais qu’elle a été mal interprétée par les latinophones. Le débat fait rage sur ce point ; aussi je me limite aux grandes hypothèses qui s’en dégagent : <ζ> = /d͡z/ = /d_z/ ou bien <ζ> = /z/, sans prendre parti.

Quoi qu’il en soit, il paraît plausible de considérer que le latin a recyclé l’affixe grec <#ίζ#> de deux façons au moins, suivant la valeur phonétique attribuée à <ζ>.
1] Recyclage affixal avec <ζ> = /d͡z/ = /d_z/ — conséquence : Gr <#ίζ#> → La <#idi#> — conséquence Gr <βαπτίζειν> → La <baptidiare> → groupe 1
2] Recyclage affixal avec <ζ> = /z/ — conséquence : Gr <#ίζ#> → La <#i(s/z)#> — conséquence : Gr <βαπτίζειν> → La <bapti(s/z)are> → groupe 2.

Là où je veux en venir, c’est qu’on ne peut pas dire que le suffixe La <#izare> est **LA** transposition du suffixe Gr <#ίζειν>. Cette affirmation est inexacte car non seulement le doublet La <#isare>/<#izare> est avéré, mais en outre ce doublet est concurrencé par une transposition distincte : La <#idiare>.

Voici des passages rédigés en médiolatin tardif qui attestent de l’existence du doublet <#isare>/<#izare> pour l’étymon <βαπτίζειν> :

1] « Item prohibetur in constitucione ne quis de cetero in aulis vel cameris vel aliis priuatis domibus pueros audeat ***baptisare***. »
Angleterre (XIIIe s. ?)

2] « Ad hunc Lucius, rex Britannie, litteras misit, rogans, ut ***baptisaretur***, quod impetravit. »
auteur ? (XIVe s. ?)

3] «Sacerdos volens ***baptisare*** puerum, invenit inter cetera in libro, salta per tria, hoc est, id quod dicendum est invenies post tertium folium, sacerdos non intelligens, saltavit per baptisterium, ut ea dictione utar sicut vulgus solet. »
Heinrich Bebel (1512 ?)

4] « Vitoldus, Jagellonis patruelis frater, cui dum ***baptisaretur*** Alexandri nomen inditum erat, vir bello fortis fuit, Lituaniam strenue a Moschis et Scythis non solum defendit, sed ipse bellum utrisq. his hostibus intulit, eorumq. exercitus numerosos profligavit. »
Augustyn Mieleski Rotundus (2nde moitié XVIe)




On peut étendre les constatations précedentes à des étymons grecs autres que <βαπτίζειν>. Si on prend l’exemple du catalan, on remarque la présence de doublets tels que <hospitalejar> & <hospitalitzar> ou encore <tiranejar> & <tiranitzar>. Voici la définition qu’en donnent des dictionnaires catalans :
1] <hospitalejar> : estar recollit en un hospital — <tiranejar> : obrar tirànicament, actuar com un tirà
2] <hospitalitzar> : instal.lar un malalt en un hospital — <tiranitzar> : governar tirànicament, tractar les persones d'una manera tirànica.
Il faut préciser que Cat <#ejar> est issu de La <#idiare> tandis que Cat <#itzar> vient de La <#izare>.
Ici la différence formelle qui affecte les suffixes verbaux <#ejar> & <#itzar> se traduit par une spécialisation sémantique. C’est peut-être dû au fait que <#idiare> serait une évolution naturelle tandis que <#izare> serait une construction savante.
Au passage on note que la forme catalane du suffixe verbal de <hospitalitzar> comprend une affriquée (<ζ> = /d͡z/ = /d_z/). C’est le cas de l’italien aussi : <ospedalizzare>.
À propos de l’italien, les verbes It <tiranneggiare> & <tirannizzare> sont morphologiquement comparables à leur homologues formels catalans <tiranejar> & <tiranitzar>. C’est-à-dire que :
1] Gr <#ίζειν> → La <#idiare> → Cat <#ejar> & It <#eggiare>
2] Gr <#ίζειν> → La <#i(s/z)are> → Cat <#itzar> & It <#izzare>.

Le français ne présente pas de doublet comme en catalan, <tiranejar> & <tiranitzar>, ou comme en italien, <tiranneggiare> & <tirannizzare>. La seule forme disponible est Fr <tyranniser>.
La grande variation orthographique médiévale n’est pas liée à une forme issue du suffixe latin <#idiare>. Les formes attestées en ancien français sont les suivantes : <tiranniser> <tirannizer> <tyranniser> <tyrannizer> → La <#i(s/z)are> uniquement, mais seul <tyranniser> a survécu et essaimé parmi les langues germanique suivantes :
allemand : <tyrannisieren>
anglais : <tyrannise>
danois : <tyrannisere>
néerlandais : <tiranniseren>
norvégien : <tyrannisere>
suédois : <tyrannisera>.




Ceci dit, tu retrouves le doublet <#idiare> & <#i(s/z)are> en français et en ancien français :
1] La <#i(s/z)are>
Fr <autoriser> ← AF <actorisier> <auctoriser> <auctorisier> <auctorizer> <auctorizier> <autoriser> <autorisier> <auttoriser> <auttorisier> <eutorizer> ← La <auctorisare> <auctorizare>
2] La <#idiare>
Fr <octroyer> ← AF <octrier> <otraier> <otreier> <otreiier> <otrier> <otroier> <otroiier> <ottreeier> ← La <auctoridiare>.

Pareil dans d’autres langues romanes :
castillan : autorizar — otorgar
catalan : autoritzar — atorgar
français : autoriser — octroyer
gascon : autorisar — autrejar
italien : autorizzare — otriare
occitan : Ø — autorejar, autrejar
portugais : autorizar — outorgar.

Et aussi dans certaines langue germaniques :
allemand : autorisieren — Ø
moyen-anglais : auctorisen, auctorizen, auctorysen, autorisen — Ø.




Pour finir, je précise que La <#idiare> peut provenir de La ?<#idzare> (affriquée).




Et enfin qu’en plus de La <#isare> & <#izare> on rencontre aussi <#issare> à l’occasion, comme dans « Les Ménechmes » de Plaute :
« Atque adeo hoc argumentum graæcissat, tamen non atticissat, verum sicilicissitat. »
« Ainsi donc, le sujet est grécisant, mais non pas atticisant toutefois ; il sicilianise doublement. »
Gr <ἑλληνίζειν> → La <graæcissare>
Gr <αττικίζειν> → La <atticissare>.

Je laisse de côté La <sicilicissitare> car il s’agit d’un télescopage entre Gr <σικελίζειν> {sicilianiser} avec La <sicilicus> {sigle — de redoublement consonnantique}. La pièce « Les Ménechmes », qui désigne deux jumeaux, se passe en Sicile. Sur l’affixe La <#it#> qui transforme <#issare> en <#issitare>, ainsi que la signification humoristique de <sicilicissitare>, je te conseille vivement la lecture de cet ***excellent*** article en anglais de Michael Fontaine : http://www.arts.cornell.edu/classics/faculty/MFontaine_files/sicilicissitat.pdf .
greg   Sat Dec 08, 2007 9:41 am GMT
ERRATA :

Je prends l'exemple du verbe Gr <βαπτίζειν> {bap*t*iser}.

Gr <ἑλληνίζειν> → La <gr*æ*cissare>.